En février dernier, quand je commençais ce blog, un ami m'a contacté à propos du hackathon #NoHumanLeftBehind organisé au Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI) le week-end du 11-13 mai, en me disant que cela pourrait m'intéresser dans le cadre de Whirlwind Neurosciences, la branche de mon activité qui vise à développer du matériel du Neurofeedback. Le temps passant, j'ai pris du retard avec des projets qui se sont rajoutés, du coup, je n'avais aucun projet à proposer pour le hackathon. Avec peu de conviction, la semaine dernière, je me suis malgré tout inscrit (à 10€, après tout....) et j'y suis allé en découverte le vendredi soir à 18h, en me disant que je pourrais joindre un projet existant.
Le thème Intelligence artificielle pour une éducation inclusive, me parlait : j'ai une bonne connaissance de l'innovation technologique, j'ai adoré les années où j'ai pu donner des cours, et l'inclusivité est un thème qui me parle, étant handicapé. Mais revenons à la base.
Le mot hackathon désigne un événement où un groupe de développeurs volontaires se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. C'est un processus créatif fréquemment utilisé dans le domaine de l'innovation numérique. (...) Le terme est un mot-valise constitué de hack et marathon. La référence au « Marathon » se justifie par le travail sans interruption des développeurs pendant deux jours, généralement lors d'un week-end.
Le hackathon est à l'origine un rassemblement de développeurs, généralement organisés en équipe, par ou autour d'un ou plusieurs porteur(s) de projet avec l’objectif commun de tester une idée et de produire un prototype d'application en quelques heures. Sous forme de concours chronométré, l'équipe gagnante est généralement désignée par un jury à l’issue du temps imparti.
Il s'inscrit généralement dans des perspectives de coconception, d'économie du partage et de l'économie collaborative.
Au vu de la définition du mot hackathon, se posent plusieurs problèmes :
Mais c'est là, le principal biais cognitif dans l'innovation : tout le monde peut participer. Comme je le dis souvent, au labo quand j'étais coincé avec un problème, j'allais en discuter avec quelqu'un d'extérieur à mon sujet : à force d'être spécialisé dans un sujet, on oublie parfois des choses simples, choses simples que quelqu'un d'extérieur va très vite pointer et débloquer ainsi tout le raisonnement.
Je suis donc parti pour le CRI, au vingtième étage de la Tour Montparnasse. J'ai pu croiser à l'accueil une personne qui y allait aussi, ce fut l'occasion de commencer à briser la glace. En arrivant, un jeu nous a été proposé : former un groupe et définir les contours d'un Persona (oui, ce fut le début d'une longue liste de mots que j'ai appris au cours du week-end) qui pourrait bénéficier d'intelligence artificielle dans le cadre d'une éducation inclusive. L'Humain étant ce qu'il est, on s'est noyauté avec la personne rencontrée dans l'ascenseur (bonjour le biais cognitif de familiarité) dans un groupe préexistant.
Ce fut l'occasion de rencontrer les gens, de voir un peu les profils présents et d'attendre la présentation du hackathon.
On a commencé par une description du CRI : association à but non-lucratif, qui propose des formations universitaires (licences, masters) en cotutelle avec des Universités Françaises. Le crédo ? La transdisciplinarité aux frontières du vivant. Je pourrais rédiger un article complet sur le CRI, alors, n'hésitez pas à juste aller voir leur site. Je ne le connaissais pas, mais je vais suivre de plus près leurs actions à présent. La transdisciplinarité qui est à la base du projet est réellement rafraichissante, mettant plus l'accent sur la rencontre entre différents domaines de recherches, plutôt que sur la spécialisation (qui est le modèle traditionnel de l'Université).
J'ai finalement décidé de rejoindre un des projets de Skillogs, une jeune startup qui a créé une plateforme de e-learning utilisant l'intelligence artificielle pour adapter le parcours à chaque étudiant en fonction de ses difficultés. L'un des projets s'intéressait à trouver une façon de rendre plus accessible la formation aux personnes dyslexiques, l'autre à trouver un moyen de faire communiquer un étudiant avec un professeur ne parlant pas la même langue.
J'ai choisi ce projet d'internationalisation car depuis quelques semaines, je vous prépare un article sur Comment lire de la science quand on ne parle pas anglais ? (il arrive bientôt ^^) L'objectif étant pour moi, de vous expliquer que lire la science n'est ni compliquée, ni impossible si l'on ne parle pas anglais.
Le vendredi soir a été l'occasion de discuter un peu de Skillogs : Raphaël, co-fondateur de Skillogs et porteur de projet, nous a expliqué ce qu'il voulait : permettre à un étudiant de discuter en temps réel avec un professeur qui ne parle pas sa langue, en n'utilisant surtout pas de la traduction automatique (Oui, Google Translate a traumatisé toute une génération......). Nous étions 5 et avions 48h.
Et c'est exactement ce que je vous disais en début d'article : le groupe n'a fait qu'apporter une approche simple à Raphaël en lui apportant ce qu'il avait écarté dès le départ : une traduction automatique nourrit par un peu de machine learning et de la correction humaine, dans les cas nécessaires. Là où les géants du web (Google, Apple, Facebook....) sont incapables de proposer de la traduction automatique de qualité, que pouvait bien faire un groupe de 5 personnes en 48h ? Clairement, pas mieux..... quoique......
Nous pouvions être créatifs et mettre en commun nos ressources. Par exemple, j'ai apporté l'idée de DeepL. Un traducteur en ligne qui fonctionne bien mieux que Google Translate. Ensemble, nous avons testé DeepL, pour en définir les limites et trouver un moyen de les contourner. C'est finalement Samah, une mentor du hackathon qui va nous apporter la solution technique, le samedi soir, en nous expliquant un peu plus ce qu'était le machine learning. Je ne rentrerai pas dans les détails de ce qu'on a ensuite mis en place (après tout, cela appartient à Skillogs), mais nous avons tous trouvés des solutions élégantes aux problèmes qui sont apparus.
Et c'est aussi et surtout cela que je retiens : même si on a l'impression de ne pas avoir les compétences, on peut aider. Le fait que je testais DeepL depuis plusieurs semaines pour vous, a aidé. Le fait que je maitrise le fonctionnement des services des géants du web (notamment la façon dont ils pompes vos données pour améliorer leurs algorithmes), a aidé. Car une petite boîte, peut aussi utiliser les données de ses utilisateurs pour nourrir ses algorithmes. On a juste trouvé une façon beaucoup plus éthique et utile de le faire.
En fait, ce que je retiens surtout, c'est que tout le temps que je passe à lire des articles de hi-tech et à me questionner sur les questions de vie privées, a apporté à ce projet. Enfin, on espère, même si nous avons réalisé une petite preuve de concept qui a été présentée à la fin du hackathon (en anglais...), rien nous ne dit que cela sera exploitable à l'échelle de Skillogs.
Mais l'objectif n'était pas tant cela, c'est plus l'expérience humaine qui compte. Rencontrer des gens d'horizons différents, mettre en commun nos compétences, prendre chacun un bout du problème pour permettre d'avancer plus vite -on avait 48h-. Là où Anh a apporté ses compétences d'organisation, Augustin s'est occupé de collecter les données nécessaires au projet, tandis que Raphaëlle réalisait les présentation, pendant que je regardais avec Samah la faisabilité technique de la solution. On a tous contribué et à mon avis appris beaucoup au cours de ces deux journées.
Nul doute que je suivrais Skillogs de près, ne serait-ce que pour voir si notre idée aboutie à une solution viable et que j'irai m'inscrire au prochain hackathon du CRI..... voir à d'autres hackathon.
Un grand merci à Emma aussi, qui a magnifiquement organisé le week-end :
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